La chirurgie de l'obésité est de plus en plus employée. Anneaux gastriques, By-pass... Ces techniques ne sont pourtant pas anodines. Avantages, complications, contraintes… Avant d'opter pour le bistouri, découvrez l'essentiel sur ces méthodes.Très courante aux Etats-Unis, la chirurgie de l'obésité connaît depuis dix ans un essor important en France. L'apparition d'anneaux ajustables permet aujourd'hui de réaliser des gastroplasties avec à des méthodes chirurgicales très peu invasives.
Le principe est simple : grâce à l'anneau placé autour de l'estomac, le patient est rassasié avec de faibles quantités de nourriture. Mais si cette solution semble idéale, son succès à long terme est assujetti à de nombreuses contraintes. 1 - Qui sont les patients concernés ?Ce sont principalement les adultes de 18 à 65 ans souffrant d'obésité depuis au moins 3 ans.
Il en va de même pour les
obèses ayant un indice de masse corporelle supérieur à 40 ou supérieur à 35 mais souffrant de complications médicales (hypertension artérielle, diabète, troubles du métabolisme lipidique, arthrose, syndrome d'apnée du sommeil….). Attention, cette chirurgie n'est à envisager que lorsque tous les régimes médicalement encadrés n'ont pas permis d'obtenir une perte de poids durable. Bien évidemment, il ne faut pas de contre-indication à l'anesthésie générale ou de pathologies médicales graves (insuffisance respiratoire grave, cirrhose, cancer …).
2 - Quelles sont les modalités de l'intervention ?Cette opération ne s'envisage qu'après un bilan complet : consultation d'un nutritionniste endocrinologue, d'un psychiatre, d'un cardiologue et d'un pneumologue ; une fibroscopie gastrique vérifie l'état de l'estomac. Elle dure environ 1 heure et nécessite une hospitalisation de 3 ou 4 jours. La reprise des activités professionnelles se fait dans les 2 semaines qui suivent l'opération.
3 - Quel en est le suivi ?Après une radio de contrôle le lendemain, le patient commence à se réalimenter ; d'abord avec des aliments liquides, pâteux et mixés. Puis, le plus rapidement possible, il doit faire de petits repas normaux. Ce n'est que lorsque tous les aliments solides passent et que le patient ne perd plus de poids que l'on envisagera le serrage de l'anneau. Ce serrage se fera sous contrôle en salle de radiologie, sans aucune anesthésie. Le suivi par le nutritionniste, le chirurgien et, si besoin, par le psychiatre est impératif et indispensable.
L'activité physique est fortement recommandée. Enfin il est possible être enceinte : l'anneau est simplement desserré pendant toute la durée de la grossesse.
4 - Quels sont les avantages de la gastroplastie ?Il s'agit d'une technique totalement réversible. Elle se fait aujourd'hui quasiment toujours par coelioscopie, ce qui permet une récupération plus rapide. Enfin, l'anneau mis autour de l'estomac à un diamètre ajustable, ce qui permet, en théorie, au médecin de contrôler la perte de poids.
5 - Quelles sont ses contraintes ? Il est impératif de ne faire que 3 repas par jour ; le grignotage doit être évité au maximum. Le comportement alimentaire du patient doit radicalement et définitivement changer : lui qui avait l'habitude de manger trop vite en avalant la nourriture doit se forcer à avaler très lentement, en mastiquant chaque bouchée, et ce, assis, dans le calme.
Cet anneau doit être conservé à priori à vie ; son retrait entraînant quasiment toujours une reprise de poids. De ce fait, il nécessite une surveillance étroite et rigoureuse à laquelle trop de patients ont du mal à se résoudre. Cette surveillance est assurée par le nutritionniste et le chirurgien. A partir d'une perte de plus de 20 kilos, les carences en vitamines et oligo-éléments sont quasiment constantes et doivent être traitées.
6 - Quelles sont les principales complications ? Lors de l'intervention, les perforations de l'estomac ou de l'oesophage sont exceptionnelles si l'opération est réalisée dans les centres spécialisés en chirurgie de l'obésité.
Les dilatations aiguës de la poche gastrique supérieure rarissimes ; leurs survenues pourraient être favorisées par l'absorption de boissons gazeuses, qui de ce fait sont proscrites.
Les vomissements sont très fréquents, or ils doivent être évités à tout prix parce qu'ils provoquent des brûlures oesophagiennes et surtout parfois un déplacement de l'anneau avec dilatation chronique de la poche d'amont. Ce type de complication peut nécessiter le retrait de l'anneau.
A noter, la dilatation de l'oesophage peut survenir au bout de quelques années. Le patient reprend du poids, la notion de satiété disparaît… La nourriture est stockée dans l'oesophage comme si un deuxième estomac s'était formé au-dessus du premier ! Le retrait définitif de l'anneau s'impose alors le plus souvent. C'est pour éviter cette complication que même les liquides doivent être absorbés doucement, à petites gorgées, entre les repas et jamais à la bouteille.
L'anneau peut se déplacer, c'est pourquoi un contrôle endoscopique est nécessaire tous les 3 ans. Enfin, des incidents mineurs peuvent survenir au niveau du boîtier qui sert à resserrer l'anneau : retournement, rupture du raccordement à l'anneau, fuite…Ces problèmes sont traités simplement par une intervention mineure.
7 - Quels sont les résultats ? Ils dépendent essentiellement du suivi rigoureux des contraintes alimentaires par le patient. S'il a bien compris que l'anneau doit être pris comme une aide au régime, il peut espérer perdre plus de 80 % de son excédent pondéral en moins de 2 ans. A long terme, les effets de l'anneau semblent s'affaiblir, surtout si une dilatation de l'oesophage apparaît.
Là encore, c'est la volonté du patient qui lui permet de maintenir son poids. Il ne doit pas compter que sur l'anneau, et surtout pas de "triche" : grignotage, sucreries, alimentation trop liquide, alcool… 8- Que faire en cas d'échec ?Devant l'absence de perte de poids ou une complication, il vaut mieux retirer définitivement l'anneau. L'intervention se fait par coelioscopie. Il existe d'autres types d'opérations, plus lourdes, irréversibles, dont les complications peuvent être plus graves mais leur efficacité est certainement plus importante et le confort alimentaire meilleur. Il s'agit de courts-circuits –(by-pass) gastrojéjunaux : le principe est d'éviter une partie de la digestion. Cette intervention fonctionne même chez les grignoteurs et semble donner de meilleurs résultats chez les super obèses (patients avec un IMC supérieur à 50).
Ainsi, le résultat d'une gastroplastie peut être spectaculaire mais pour cela, il faut que le
accepte de considérer son anneau comme une aide au régime, certes formidable mais pas miraculeuse. Il doit donc impérativement changer son comportement alimentaire. Et le suivi est essentiel pour détecter les éventuelles complications et garantir un résultat à long terme.
Dr Renaud Chiche,
Membre de la Société Française de Chirurgie de l'Obésité